Quatre ans et un mois après l’excellent Mortal Kombat X, et deux ans après le brillant Injustice 2, NetherRealm ressuscite sa franchise fétiche. Si la formule de ce onzième opus ne risque pas de dépayser les fans de la première heure, le savoir-faire du studio se ressent dans un contenu vertigineux et un gameplay plus raffiné qu’il n’en a l’air.
Dès ses origines, la franchise Mortal Kombat s’est évertuée à s’éloigner des codes de Street Fighter 2, alors champion toute catégorie dans le genre du jeu de combat. En 1993, MK avait attiré l’attention des gamers grâce à trois partis pris étonnants : des graphismes digitalisés, mettant en scène des acteurs réels filmés sur fond bleu ; un système de combat transversal donnant à l’ensemble des personnages les mêmes attaques de base (poing moyen, point haut, pied moyen et coup de pied retourné, balayette, parade, prise et uppercut), seuls les coups spéciaux permettant de différencier les protagonistes ; enfin, un niveau de gore jamais vu jusqu’alors dans un jeu vidéo, tout particulièrement lors des “fatalités” qui concluaient les matchs, à l’origine de jolies controverses tout au long des nineties. Les épisodes 2D (dont le dernier reste Mortal Kombat Trilogy sorti sur PlayStation en 1996) exploiteront les mêmes mécanismes à quelques améliorations près (stages sur plusieurs niveaux, rush attacks, fatalités alternatives, personnages secrets, etc.), avant que l’ère de la 3D ne malmène pendant une longue période la saga. Mortal Kombat Vs DC Universe parviendra à la relancer contre toute attente, bientôt suivi de Mortal Kombat 9 sur PS3, Xbox 360, PC et Vita. Depuis, NetherRealm et son boss emblématique Ed Boon alternent entre les jeux de combat MK et les jeux DC, chaque nouvel épisode profitant ostensiblement des trouvailles de son prédécesseur direct.
Un nouveau départ
Dans ce contexte, Mortal Kombat 11 est autant une séquelle du X que d’Injustice 2, précédent blockbuster survitaminé de NetherRealm. Leurs modes “histoire”, épopées blindées de cinématiques d’action à rallonge, de face-à-face ultra-violents et de caractérisation délicieusement caricaturale, est en termes de réalisation très similaire. Envisageant un nouveau départ, MK 11 brandit toutefois la carte du paradoxe temporel via le personnage de Kronika, déesse s’amusant à ramener du passé les personnages classiques de la série après un premier acte particulièrement agité. Il est d’ailleurs amusant de noter que lesdits combattants, pour la plupart morts depuis belle lurette, sortent de portails magiques exactement de la même manière que les hordes de super-héros Marvel à la fin d’Avengers: Endgame… Passons. Baladant le joueur d’un personnage à l’autre, dans une succession d’affrontement dont l’issue souvent impossible appelle un véritable effort de suspension d’incrédulité (concrètement, on passe son temps à se faire dépecer par des adversaires dix fois plus puissants, et on en ressort sans une égratignure), le mode Story de Mortal Kombat 11 comble très largement les attentes et fait preuve d’une ambition visuelle toujours aussi hallucinantes, le nombre de décors affichés donnant le tournis.
Modes annexes
Une fois l’intrigue bouclée, le joueur peut évidemment se rabattre sur les modes de jeu annexes : tournois en local ou ligne, arcade, VS, combat contre des IA et bien sûr les très appréciées Tours de kombats à la difficulté croissante, dans lesquelles il est possible d’améliorer ses capacités en utilisant des items glanés au fil des affrontements. Tous ces modes incluent le fameux “Finish Him / Her” en fin de combat, logiquement absent du mode “Histoire”. Entre les fatalités et les Super Moves à déclencher en plein combat en pressant les deux gâchettes simultanément, le jeu ne faillit pas à la tradition gore de la série, les combos meurtriers se montrant ici particulièrement extrêmes et grotesques.
L’équilibre du Gameplay
En termes de maniabilité pure, MK 11 reste plus ou moins fidèle aux cinq boutons d’origine (poing standard, poing fort, pied standard, pied fort, protection), mais le système de combos très élaboré donne lieu à des combats beaucoup moins rigides qu’autrefois. Les attaques spéciales s’éloignent globalement des quarts de tours chers à Capcom et l’ajout d’une pression de gâchette RB en fin de mouvement permet de déclencher des attaques encore plus puissantes, comme c’était déjà le cas dans Injustice et Mortal Kombat X. Les décors sont toujours interactifs et permettent de glisser des attaques sournoises en plein match, et les prises et parades sont suffisamment subtiles pour assurer des combats riches en rebondissements.
Technique de haut vol
S’il est terriblement flou sur Nintendo Switch en raison des limites techniques de la machine hybride de Nintendo, Mortal Kombat 11 est très impressionnant et stable sur PS4 et Xbox One, et assez sidérant visuellement sur PC haut de gamme. On notera toutefois sur ordinateur quelques bugs gênants, comme des ralentissements intempestifs non liés au framerate (on a tout de même testé la chose sur GTX 1080 Ti), qui peuvent aboutir à des crashes assez frustrants en pleine partie. On imagine que NetherRealm est déjà au travail sur divers patches et DLC, et l’on est impatient de voir quelle tête connue succédera à Hellboy, Predator, Freddy Krueger ou Leatherface, vedettes invitées de ses précédents blockbusters.
En bref : Un jeu de combat haut-de-gamme, au game design à la fois jouissif et subtil, et au contenu titanesque. Hautement référentiel, le mode “histoire” de plus de quatre heures justifie à lui seul l’achat.
Notre Verdict : 8,5/10