Depuis son départ forcé de Konami et l’abandon du très prometteur Silent Hills qu’il devait concevoir avec Guillermo Del Toro, Hideo Kojima n’a pas chômé. Les quatre dernières années ont ainsi été consacrées à Death Stranding, un jeu d’aventure à la troisième personne dont on ne sait ironiquement encore que très peu de choses. Bien qu’elles se concentrent sur du gameplay pur, les nouvelles images de la Gamescom obscurcissent encore un peu plus les tenants et aboutissants du projet…
Pour une fois, il nous est permis d’observer une séquence de gameplay ininterrompue, avec toutes les informations du HUD affichées à l’écran. Incarné par Norman Reedus, bien connu des fans de Walking Dead, le héros est dans un premier temps plongé dans un profond sommeil, et agrippe instinctivement une pochette accrochée à son torse. En pressant un bouton du Dual Shock, le joueur réveille son avatar… lequel doit bientôt vider sa vessie dans l’herbe environnante (scène ubuesque qui provoquera les applaudissements et hourra ! du public de la Gamescom ; chacun ses idéaux de game design). Après avoir fait pousser un champignon avec son urine (?!), le héros scanne le décor, appelle à l’aide, puis remarque une petite installation en haut d’une montagne. Dans son inventaire, il trouve une échelle dynamique qu’il déploie rapidement, et se retrouve bientôt à quelques dizaines de mètres plus haut. Les mouvements du protagoniste sont lourds, ce qui semble logique vu la taille du container qu’il soutient sur son dos depuis le début du niveau. Arrivé à destination, il interagit avec un hologramme à l’effigie du journaliste gaming Geoff Keighley (?!), fondateur des Game Awards qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années pour avoir fait l’objet de conflits d’intérêts polluant la réputation de l’industrie vidéoludique. Bref…
Après avoir déposé son container, le héros sort de la structure, salué et encouragé à entamer une nouvelle mission par l’hologramme sautillant de Keighley. Braquant sa caméra du mauvais côté, le joueur tombe soudain du haut de la montagne, sans conséquences dramatiques pour son avatar. Des pleurs se font toutefois entendre : ceux d’un bébé situé dans la fameuse pochette que le héros porte au niveau de son torse. Passant en vue subjective, le joueur doit calmer le foetus en le berçant à travers le cocon plastifié, avant de repartir explorer les environs. Le personnage, beaucoup plus léger depuis qu’il s’est débarrassé de son container, se déplace avec plus d’aisance et peut même glisser le long des pentes les plus abruptes, en jouant des touches L2 et R2 pour garder son équilibre. Le HUD laisse entendre que le menu des armes est désormais disponible… mais nous n’en verrons pas plus.
En l’état, on ne sait pas trop quoi penser de ces nouvelles images. Le monde ouvert est à la fois prometteur en termes d’interactions et pour le moment terriblement vide, tandis que les enjeux dramatiques ne sont toujours pas posés. La présence d’armes contredit les allusions faites par Kojima il y a quelques années, lequel se vantait que son jeu était le seul de l’E3 à ne pas sombrer dans une violence ostentatoire. S’il souligne une volonté de gérer son avatar de façon plus organique que de coutume (d’autres “options” seront sans doute disponibles), le système urinatoire est à double-tranchant ; à titre de comparaison, imaginez devoir remplir d’essence votre véhicule dans un Grand Theft Auto.
Pour pleinement apprécier cette nouvelle démo, il faut clairement se tourner vers les autres trailers présentés à la Gamescom, dont le production design maniaque, l’univers très original et le casting stellaire (dont Mads Mikkelsen, Guillermo Del Toro et Margaret Qualley, récemment vue dans Once Upon A Time… In Hollywood) promettent dans tous les cas une œuvre ambitieuse et unique. Et pour être honnête, on préférera toujours un OVNI bancal qu’un blockbuster parfaitement huilé mais dénué de la moindre âme artistique.
Death Stranding sortira sur PlayStation 4 le 8 novembre 2019.
Crédits : Kojima Productions