Red Dead Redemption 2 : Notre Test sur PC

Un an après sa sortie sur Xbox One et PlayStation 4, Red Dead Redemption 2 revient dans une version augmentée, parfaitement adaptée aux capacités des PC les plus haut-de-gamme. Ayant déjà démontré sa maîtrise du support avec Grand Theft Auto V, Rockstar nous livre tout simplement l’un des plus beaux jeux vidéo disponibles sur le marché… et nous permet de nous replonger avec la tête froide dans un blockbuster plus controversé qu’on ne l’attendait au départ.

Mouvements limités

Recommencer la campagne solo à zéro, après une année de débats animés dans le petit monde des gamers, est une expérience enrichissante. La longue ouverture de Red Dead Redemption 2 est de fait, d’un point de vue sensoriel, très intelligente. Elle est même sacrément gonflée, puisque les auteurs décident de limiter au maximum la marge de manœuvre du joueur, ce qui entre bien sûr en conflit avec les codes du genre “Open World”. Plongé dans une tempête de neige épuisante (et visuellement sublime comme l’ensemble du jeu, en particulier sur cette version PC améliorée), le héros doit aider son clan à survivre au fin fond de la forêt, en allant fouiller des petites bicoques aux alentours ou en partant chasser en haute montagne. Freiné par les éléments (il est impossible de courir dans la neige, et les chevaux ont eux-mêmes du mal à se déplacer), le joueur doit également suivre des compagnons virtuels sur des chemins définis à l’avance ; une manière de se familiariser avec les commandes choisies par Rockstar, qui peuvent parfois laisser perplexe (le pistage du gibier est par exemple loin d’être intuitif, et c’est peut-être un choix conscient). Cette accumulation de commandes “différentes”, pour ne pas dire alambiquées dans certains cas, contribue finalement à éloigner encore un peu plus Red Dead Redemption 2 du tout venant vidéoludique actuel, renforçant en filigrane l’ambiance générale unique de l’œuvre. Notons tout de même que l’ergonomie est beaucoup plus agréable sur PC que sur consoles, le game design semblant avoir été pensé dès le départ pour la combinaison clavier / souris plutôt que pour le gamepad classique. Et là où les phases en véhicules de GTA V étaient beaucoup plus adaptées au pad, le maniement des chevaux se montre très instinctif au mulot, évitant d’avoir à jongler avec différents types de commandes…

Tout pour le clan

C’est un fait, Red Dead Redemption 2 prend son temps pour attirer le gamer dans son univers. Très dialoguées, les premières déambulations à cheval permettent d’admirer une nature incroyablement crédible, mais à la topographie brouillée par la nuit noire et le froid hivernal (les fans des Huit Salopards de Quentin Tarantino apprécieront). Avant de pouvoir s’intéresser de près au fameux décor, on est donc invité à s’attacher aux personnages : le chef de clan Dutch, ses loyaux capitaines loyaux, ce bon vieux John Marston (héros du premier opus) que l’on doit secourir en haute montagne, des femmes au caractère bien trempé, une veuve que l’on recueille après une tragique fusillade… Une fois l’idée de clan ancrée dans l’esprit du joueur, et quelques mécaniques de jeu brièvement exposées (notamment des attaques de train jubilatoires), on peut enfin commencer à explorer librement la gigantesque map, sans doute la plus complexe jamais conçue par l’équipe de Rockstar. Mais instinctivement, on aura le réflexe de renouer régulièrement avec son clan, source principale et presque intarissable de missions principales ou annexes.

La fin d’une ère

Si le premier acte de Red Dead Redemption 2 pourra frustrer les flingueurs virtuels les plus acharnés, qui se voyaient déjà arpenter les terres de Blackwater sans le moindre frein narratif, cette mise en ambiance influe sur le reste de la dramaturgie de façon très marquée. Certes, quelques phases de gameplay imposées peuvent agacer, même si elles servent théoriquement la réalité historique de l’intrigue (notamment cette session de dépeçage d’animaux qui va faire lâcher la manette à pas mal de joueurs), mais l’expérience de jeu est globalement hypnotique et très immersive (on peut d’ailleurs jouer entièrement en vue subjective), avec ce qu’il faut de phases d’infiltration (vive l’arc !), de gunfights endiablés, de duels poussiéreux ou d’activités annexes pour combler tout vrai amateur de western. Il serait impossible et même vain de compiler ici l’ensemble des mécaniques de jeu (gestion de l’honneur, relation avec sa monture, etc.). Sachez seulement que la cinéphilie des frères Houser se reconnaît chapitre après chapitre, le jeu puisant son émotion et son souffle épique du côté de quelques classiques plus ou moins récents, de La Prisonnière du désert de John Ford à Wyatt Earp de Lawrence Kasdan, en passant par l’excellente série Deadwood. Le contexte de l’intrigue est passionnant en soi : le texte d’ouverture insiste après tout sur le fait que l’on se trouve en 1899, à une époque où l’Amérique traque les hors-la-loi au profit d’une société plus organisée et « moins libertaire ». Retrouver ici ce thème n’est aucunement une surprise, puisqu’il constitue la clé de voûte de l’œuvre de Michael Mann (Le Dernier des Mohicans, Heat, Collatéral, Miami Vice, Public Enemies)… et l’on sait à quel point Michael Mann a pu inspirer Grand Theft Auto, en particulier l’épisode 5.

Une version PC exceptionnelle

Apparu quelques mois après la sortie initiale sur Xbox One et PS4, le mode en ligne est presque un second jeu à proprement parler. Si la carte est identique, la personnalisation extrême de l’expérience de jeu offre une tout autre ambiance, et le contenu ne cesse de croître semaine après semaine. Evidemment, la version PC bénéficie de long développement sur consoles, et accueille dès son lancement l’ensemble des mises à jour, y compris les récentes “Carrières de l’ouest”. Le solo sort lui aussi grandi de ce portage, avec trois missions de chasseur de primes inédites, deux nouveaux repaires de bandes à nettoyer, deux nouvelles cartes au trésor à analyser, un nouvel inconnu à satisfaire, et une pléthore d’armes, accessoires et chevaux à découvrir. Un mode photo a également été implémenté dans le mode Histoire, l’occasion d’admirer librement la perfection du moteur graphique. Sur notre i7 doté de 32 Go de Ram et équipé d’une GeForce GTX 1070 Ti, le jeu tourne de façon très efficace en 1080p (c’est-à-dire avoisinant les 60 images par seconde constantes), en paramétrage “équilibré” (incluant des textures et des ombres en “Ultra”, et la plupart des options graphiques calées sur “hautes”). En jouant sur la mémoire de la carte, il est possible d’augmenter la profondeur de champ ou la densité de l’herbe sans faire chuter drastiquement le framerate. Il faudra toutefois compter sur une nouvelle 2080 pour bénéficier d’un 4K fluide, d’éclairage optimum ou de l’ensemble des détails au maximum. Certes, Red Dead Redemption 2 sur PC peut être un caprice assez coûteux, mais l’ambition démesurée de Rockstar devrait imposer un nouveau standard sur le support…

Notre avis : un très grand jeu porté par la cinéphilie de ses auteurs, et transcendé par une version PC techniquement hors du commun. En outre, les contrôles au clavier et à la souris correspondent mieux au game design que le gamepad de la Xbox One ou de la PS4. Maintenant, serait-il enfin possible de jouer au premier Red Dead Redemption sur ordinateurs ?

Notre Verdict : 9/10

Crédits : Rockstar Games

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