Issu du catalogue du PlayStation VR, The Persistence a été pensé entièrement pour un maniement en réalité virtuelle. Compte tenu d’un marché qui ne bénéficie pas, ces temps-ci, d’une expansion fulgurante, les auteurs de ce survival horror en vue subjective ont décidé d’exploiter leur bébé sur d’autres supports… ce qui entre en contradiction avec certains choix centraux du game design.
The Persistence est, sur PSVR, un titre tout à fait recommandable. On y explore un gigantesque vaisseau spatial longeant un trou noir, où vont se produire des événements à mi-chemin entre Resident Evil et le film Event Horizon. Grâce à la 3D stéréoscopique et à un production design pensé pour le casque, l’aventure est dans sa forme originale terriblement immersive, et le trouillomètre grimpe régulièrement à pic. Sans révolutionner le genre du FPS en réalité virtuelle, le jeu convainc également par sa durée de vie plus généreuse que ce que le format impose habituellement, l’aventure se bouclant en près de dix heures.
Sur Nintendo Switch, ce n’est hélas plus du tout la même affaire. Comme expliqué plus haut, le game design est entièrement pensé pour le casque, les développeurs s’étant imposé des limites fondamentales afin de ne pas provoquer des malaises aux gamers les plus sensibles au Motion Sickness. La téléportation est donc encouragée à de nombreux endroits, et la vitesse / fluidité des déplacements n’est absolument pas en phase avec les conventions du First Person Shooter classique. De fait, on a constamment l’impression d’émuler un jeu pensé pour un autre système, un peu comme si on voulait faire tourner un jeu 3DS à double-écran sur un PC de bureau, ou si l’on essayait de boucler un épisode de Time Crisis en remplaçant le lightgun par un joypad. Tout à fait logiques dans le cadre d’une expérience immersive en VR, les allers-retours imposés par le level design sont également frustrants, et le sentiment d’angoisse a désormais le plus grand mal à s’imposer, en dépit d’un niveau de violence particulièrement élevé.
Techniquement, The Persistence version Switch n’est en aucun cas honteux, mais la disparition de la stéréoscopie et du champ de vision à 360° prive certaines séquences de leur potentiel spectaculaire, à commencer par la découverte du trou noir dans les premières minutes du jeu. Le plus frustrant reste sans doute le fait que les développeurs n’ont même pas essayé de tirer parti des spécificités de la Switch. En mode portable, il aurait par exemple été intéressant d’exploiter l’accéléromètre des Joy-Con, afin d’utiliser la machine comme une fenêtre ouverte sur un autre monde. Il aurait également été judicieux de rendre le titre compatible avec le fameux Toy-Con VR en carton de la gamme Nintendo Labo. On se consolera avec le maniement assez jouissif de certaines armes, dont une sorte de gravity gun qui n’est pas sans rappeler celui du légendaire Half-Life²…
En bref : Ce Survival Horror très convaincant sur PlayStation VR perd un peu de son âme sur les autres supports. Les développeurs n’ayant de surcroît pas eu l’idée d’utiliser les capacités uniques de la Nintendo Switch (entre autres l’accéléromètre et la détection de mouvement), on retient de ce portage une aventure assez frustrante. Restent quelques idées payantes au niveau des armes, ainsi qu’un production design soigné de bout en bout.
Notre Verdict : 6/10
Crédits : Firesprite