Command & Conquer Remastered Collection : Notre Test sur PC

Ceux qui sont nés après les années 1990 ne peuvent mesurer l’impact que Command & Conquer a pu avoir sur le monde du jeu vidéo en 1995. Bonne nouvelle : EA Games a décidé de ressusciter ce classique de la stratégie guerrière et son spin-off Alerte rouge, à travers une collection de “remasters” à la qualité en tout point exceptionnelle.

L’invention du RTS

Petit frère de Dune II : The Battle For Arakis développé en 1992 par Westwood, Command & Conquer est, on insiste, un véritable choc stratosphérique lorsqu’il sort en 1995 sur PC CD-Rom. Reprenant un concept de stratégie en temps réel expérimenté sur Dune II, le jeu achève de poser toutes les fondations d’un genre nouveau, qui ne cessera de se développer durant les vingt années à venir. La gestion des ressources, le brouillard de guerre masquant les zones inexplorées de la carte, la construction progressive des bases, le déploiement des unités d’infanteries et des véhicules, le développement des armes et de la technologie afin de prendre le dessus sur l’armée adverse… Toutes les idées de C&C seront littéralement pillées par la concurrence, de Warcraft à Starcraft en passant par Total Annihilation, Total War, Age of Empires, Star Wars : Empire at War, Star Wars : Galactic Battlegrounds, Company of Heroes, Supreme Commander The Lord of the Rings : The Battle for Middle-Earth ou encore Halo Wars.

Un gameplay inusable

Compte tenu du nombre d’héritiers directs, tous ayant peaufiné à leur manière le game design inventé par Westwood, on aurait pu craindre que Command & Conquer et Alerte rouge accusent leur âge au-delà de leur esthétique délicieusement nineties. Il suffit pourtant de manier la souris quelques minutes durant pour se rendre compte de l’inusable puissance des deux titres, dont l’équilibre et le sens du timing impressionnant plus que jamais en 2020. L’interface permettant de fabriquer des bâtiments et de gérer son électricité et ses ressources est toujours aussi intuitive, de même que les systèmes d’ordres et de regroupements d’unités, particulièrement mis à l’épreuve lors des batailles les plus intenses. Généreux en affrontements épiques, Command & Conquer et Alerte rouge bénéficient également d’un level design quasiment parfait, encourageant toutes sortes d’approches tactiques comme l’infiltration, l’espionnage, le campement ou la charge surpuissante. Enfin, outre l’intégralité des DLC d’origine, ces remasters permettent de se frotter à nouveau à un mode multijoueurs PvP absolument hypnotique, qui aura su occuper les PCistes des milliers d’heures durant, et ce bien avant la démocratisation d’un certain outil de communication nommé Internet…

Ajout de pixels

Si les remasters de jeux en 3D sont relativement simples à mettre en œuvre, les éditeurs se contentant souvent d’afficher les mêmes polygones en 1080p ou en 4K, il est bien plus complexe de s’attaquer à une œuvre comme Command & Conquer. Entièrement bâti sur des sprites animés à la main, en 2D, le jeu était dans un premier temps sorti en 320×240 pixels, avant de bénéficier d’une version Window 95 en 640×480 pixels. Pensés pour du 4K natif, les remakes de C&C et Alerte rouge ont donc demandé la création de tout nouveaux assets 2D, chaque sprite en ultra haute-définition ayant droit à deux fois plus d’étapes d’animation que dans la version originale. Le résultat est vertigineux pour peu que l’on connaisse les graphismes originaux, et restera extrêmement convaincant pour les non-initiés. Une option aide d’ailleurs le joueur à évaluer le gap de qualité entre les GFX de 1995 et ceux de 2020 : il est en effet possible de revenir au 640×480 et aux vieux sprites en pleine partie en appuyant sur une simple touche du clavier. Autant vous dire que nous ne jouerons pas ici les nostalgeeks zélés, tant les graphismes restaurés améliorent la lisibilité de l’action et facilitent la distinction entre les différentes unités. Un zoom hérité de Supreme Commander (mais certes pas aussi radical) fait même son apparition, rendant les attaques d’infanterie beaucoup plus immersives qu’autrefois. Cerise sur le gâteau, les développeurs ont entièrement remixé la bande originale, recréé les différents menus sans en perdre le look si caractéristique, et upscalé les légendaires scènes cinématiques, monuments de kitscherie mêlant images de synthèse balbutiantes et prises de vues réelles au budget étriqué. Alerte rouge est de loin le plus fou des deux jeux à ce niveau, son intrigue (Einstein remonte dans le temps pour tuer Hitler… mais Staline déclenche à sa place la Seconde Guerre Mondiale) donnant lieu à des séquences que son modèle pour le moins hilarante.

En bref : EA nous offre des remakes à la qualité technique et artistique exceptionnelle, rendant accessibles à toute une nouvelle génération deux chefs-d’œuvre qui ont posé les fondations de la stratégie en temps-réel. Si les développeurs de Petroglyph Games veulent réitérer avec Dune 2000 et C&C 2 Tiberian Sun, nous sommes preneurs.

Notre Verdict : 8/10

Crédits : EA Games

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