En janvier 2020, Sony annonçait avoir vendu cinq millions d’unités de son casque de réalité virtuelle, sur un parc total de 110 millions de PlayStation 4 écoulées. Si cette technologie n’a pas encore convaincu tout le monde, le géant nippon n’a visiblement pas abandonné le marché de la VR et continue de produire des jeux ambitieux pour le support. Tandis que le PC a récemment eu droit à une révolution en la matière grâce à Half-Life Alyx de Valve, le PSVR accueille aujourd’hui l’un de ses plus gros blockbusters avec Iron Man VR, jeu d’action grisant et jouissif hélas terni par quelques sérieux défauts.
La plus grande réussite d’Iron Man VR réside dans sa gestion particulièrement saine de l’oreille interne du joueur ; en plusieurs heures de jeu, nous n’avons en effet subi aucun Motion Sickness, ni aucune nausée. Si le premier décollage fait son petit effet (il faudra quelques minutes pour s’acclimater, surtout en raison d’un gameplay très original), l’armure volante colle bientôt au joueur comme une seconde peau. La sensation de vitesse s’avère très convaincante mais n’est jamais troublante, et l’immersion à 360° est facilitée par une gestion très bien vue de l’angle de la caméra (il est possible de faire tourner son regard de 45° en pressant une touche sur le PS Move).
S’il peut parfaitement être abordé en fauteuil, Iron Man VR est à l’évidence pensé pour parcouru en position debout. Le joueur doit tenir un PS Move dans ses deux mains, chaque accessoire dirigeant un bras de Tony Stark. Durant les phases de combat aérien, les bras en question sont responsables à la fois des tirs (laser, roquettes, décharges d’énergie, etc.) mais aussi de la poussée : pour décoller, il faut ainsi diriger les paumes du personnage vers le bas et presser les deux gâchettes. Pour avancer, il faut diriger les paumes vers l’arrière. Une double-pression des boutons permet de déclencher une accélération soudaine. En lâchant une des deux gâchettes, le personnage commence à virer vers la direction du bouton que l’on continue de presser. Il est possible d’ajuster à tout moment son assiette en réorientant subtilement ses paumes, les PS Move répondant en toute circonstance avec une précision inattaquable.
Dans les faits, les ballets ariens d’Iron Man VR amènent le joueur à réajuster en permanence sa poussée d’une ou deux mains, tout en visant ses adversaires avec l’autre main, ou les deux paumes (une bonne poussée permet de garder suffisamment d’altitude le temps de régler leurs comptes aux forces ennemies). On se surprend vite à maîtriser cette ergonomie a priori étrange, et à enchaîner des gestes typiques du super-héros de façon totalement intuitive. Les développeurs de Camouflaj ont sur ce point totalement réussi leur pari : leur gameplay est un bonheur de tous les instants, et certaines missions bénéficient de surcroît d’un effort de mise en scène rarement vu sur PSVR. L’attaque de l’avion au début du jeu en est un exemple prégnant, avec sa succession de péripéties et de cliffhangers exploitant parfaitement les codes de la série cinématographique (il faut voir l’armure se déployer progressivement sur votre corps alors que vous êtes en chute libre), mais aussi les nombreuses possibilités offertes par les contrôleurs (entre deux combats, on doit réparer un réacteur, débloquer un train d’atterrissage ou sauver une Pepper Potts en péril). Les missions suivantes offrent des environnements variés, allant du porte-avion volant du S.H.I.E.L.D. au ciel de New York, où trône fièrement la tour des Avengers.
Si les premières heures sont très addictives, les interludes entre les missions permettant de déambuler en civil dans les locaux de Stark et divers autres décors emblématiques (on peut ramasser tous les objets que l’on trouve, scroller sur des tablettes, ouvrir des livres, croquer des pommes et même se lancer dans un concours de panier de basket dans son garage virtuel), le jeu finit hélas par s’essouffler. Les ennemis rencontrés sont les éléments les plus décevants : en dehors d’une poignée de boss, on se retrouve souvent à affronter les mêmes drones high-tech. Certes, l’IA de chaque type d’adversaire appelle des approches stratégiques diverses, un peu comme dans un shoot’em up à la Geometry Wars, mais difficile de ne pas ce lasser devant un character design à ce point déshumanisé, rappelant sans cesse que ce jeu n’est rien d’autre qu’un simulateur. Constellé en l’état de scènes d’exposition lourdement dialoguées, où Stark interagit de façon très artificielle avec Potts et deux IA qu’il a lui-même conçues, Iron Man VR aurait gagné à montrer un peu plus de drame et de cœur. Sur ce point, le look désespérément générique des personnages secondaires (dont un Nick Fury loin du charisme incandescent de Samuel L. Jackson) n’arrange pas nos affaires…
En bref : Proposant une durée de vie élevée, de nombreuses améliorations pour l’armure et les armes, quelques morceaux de bravoure épiques et une belle gestion des PS Move et du casque, Iron Man VR souffre d’une dramaturgie un peu trop basique et d’une galerie d’ennemis répétitive. Le maniement du personnage reste grisant, et les graphismes stéréoscopiques réalisés sur le moteur Unity sont très convaincants pour un titre PSVR. Enfin, le jeu est garanti sans nausées, ce qui n’est pas le moindre des compliments pour un blockbuster en réalité virtuelle…
Notre Verdict : 7,5/10
Crédits : Sony