Nouvelle adaptation du comic book Les Gardiens de la Galaxie, plutôt qu’une transposition vidéoludique des deux longs-métrages homonymes, Marvel’s Guardians of the Galaxy partage de nombreux atomes crochus avec le cinéma de James Gunn. Compte tenu de notre affection pour le style punk de l’ancienne égérie de Troma, on sera les derniers à s’en plaindre.
Développé par Eidos Montréal, dont le CV compte plusieurs épisodes de Deus Ex, des collaborations avec Crystal Dynamics sur Tomb Raider et Rise of the Tomb Raider, et surtout le développement complet de l’excellent Shadow of the Tomb Raider, Guardians of the Galaxy laisse les amateurs d’aventure / action en terrain connu. Dans la peau de Peter Quill, alias Star-Lord, le joueur doit traverser des niveaux mêlant plates-formes vertigineuse, combats épiques et événements cinématiques donnant lieu à de classiques Quicktime Events. On pense forcément à la trilogie Tomb Raider (quelle surprise) mais aussi aux deux derniers Uncharted et à Star Wars Jedi : Fallen Order. Le maniement du personnage, parfois étonnamment lourd, a le mérite de donner une réelle sensation de vivant ; sensation rehaussée par des animations et des expressions faciales très détaillées et crédibles, quelque soit le personnage. La structure des niveaux ne réinvente pas la roue : on alterne de façon assez mécanique entre des séances d’exploration et de progression modérément dangereuse (évidemment ponctuées par des phases de chasse au trésor ou des défis annexes très accessibles), et des affrontements dans des zones temporairement fermées contre une horde d’adversaires très clairement hiérarchisée. Entre les missions, il est possible de mener sa petite vie à bord du Milano, le superbe vaisseau du groupe dont l’intérieur bénéficie d’un production design incroyablement détaillé. Certains intermèdes vous demandent même de prendre le contrôle de l’aéronef et de virevolter comme dans un remake de Star-Fox. Loin des dogfights de Star Wars Battlefront 2, ces courts niveaux reposent surtout sur une mise en scène spectaculaire et un esprit arcade très prégnant.
L’art du cahier des charges
Le gameplay coche à peu près toutes les cases attendues : les déplacements de Quill sont instinctifs, ses manœuvres d’évitement très efficaces, le corps-à-corps permet d’enrichir l’approche tactique des combats, les bottes-jetpack sont intelligemment exploitées par le level design, les bonus à ramasser sont courants, les possibilités d’évolution multiples (on peut améliorer son inventaire grâce à des établis disséminés aux quatre coins du décor, ou gagner des capacités en faisant grimper son XP)… Si le contenu ne surprend jamais, la réalisation est absolument exemplaire à tous les niveaux. Malgré le character design très standard (Quill n’a pas le charisme de Chris Pratt, et les visages des autres personnages sont tout aussi interchangeables, un écueil qu’on avait déjà repéré dans Marvel’s Avengers), les dialogues sont mordants et les interactions au sein du groupe réellement captivantes. Les choix multiples de répliques ont une réelle incidence sur le récit, ce qui donne à l’aventure des mini-accents de RPG, et quelques idées de mise en scène font mouche (ne serait-ce que les séquences situées dans la chambre d’adolescent de Quill). On s’attache donc rapidement à cette troupe de mercenaires de l’espace délicieusement insolents, et suivre leurs pérégrinations est un régal… notamment grâce à des décors extraterrestres sublimes, outrancièrement colorés et extrêmement variés.
Un travail de groupe
Si Quill reste le point d’ancrage du joueur, le système de combat repose sur la notion de groupe, ce qui souligne encore un peu plus les influences RPG du titre. A travers des commandes assez simples, il est possible de déclencher les attaques de ses compagnons, en visant un adversaire en particulier. Couplé à de nombreuses options de combat direct à cheval entre le shooter et le beat’em up, ce game design en arborescence donne aux morceaux de bravoure une vraie résonance tactique, chaque “gardien” profitant de capacités bien spécifiques : maîtrise de l’arme blanche pour Gamora, force brute pour Drax, explosifs pour Rocket et immobilisation boisée pour Groot. Cette pluralité, qui se retrouve dans l’écriture et certaines mini-quêtes amusantes (par exemple des concours d’égo entre Quill et Rocket) fait tout le sel de ce Guardians of the Galaxy. On ne boudera pas non plus son plaisir en contemplant les graphismes ultra-spectaculaires de l’objet, entre effets de ray-tracing dernier cri, textures au relief plus vrai que nature, modèles 3D ultra-détaillés, effets visuels généreux et profondeur de champ inouïe. Sur console New Gen ou sur un PC gonflé au RTX, le résultat est souvent sidérant.
En bref: Visuellement splendide, en particulier sur PS5, Xbox Series ou un PC puissant, Marvel’s Guardians of the Galaxy ne révolutionne pas la formule de l’action / aventure à la Uncharted mais la dynamise grâce à la variété de son gameplay et l’approche tactique de ses combats. Un blockbuster de grande qualité, qui devrait ravir les fans des films de James Gunn.
Notre Verdict : 8/10
Crédits : Marvel, Square Enix