Annoncé dans un premier temps sur PC, la collection Uncharted – Legacy of Thieves fait un premier arrêt sur PlayStation 5, histoire de profiter du gain de puissance de la console nouvelle génération de Sony… mais aussi de faire monter la pression avant la sortie sur grand écran du blockbuster mettant en scène Tom Holland et Mark Whalberg.
Legacy of Thieves comprend les remasters d’Uncharted 4 et Uncharted: The Lost Legacy. Chaque jeu a désormais droit à trois options graphiques distinctes : le mode “fidélité” propose un 4K natif à 30 images par seconde, le mode “performance” propose une résolution dynamique et un framerate de 60 fps, et le mode “performance+” vise un framerate de 120 fps en 1080p, le tout avec des temps de chargement entre 30 et 50% plus rapides que sur PlayStation 4. Les modèles 3D des personnages et des décors sont les mêmes mais certaines textures ont été légèrement affinés, et la gestion de la lumière est globalement plus réaliste que dans la version originale. Enfin, le gameplay tire profit des gâchettes à retour haptique de la Dual Sense et de l’Audio 3D de la PS5, histoire de renforcer encore un peu l’immersion.
De toute beauté
Uncharted 4 et The Lost Legacy comptaient déjà parmi les plus beaux jeux disponibles sur PS4, et il est étonnant de constater que leur prodige technologique et artistique tient encore la route à l’aube de la New Gen. Chaque niveau d’Uncharted 4 regorge de décors incroyablement détaillés, et chacun de ces environnements pourrait abriter un jeu à part entière. Fonds sous-marins, zone portuaire, pavillon de banlieue, villa de la côte italienne, campagne écossaise, plaines de Madagascar… C’est bien simple, on a rarement vu un panorama aussi varié, mais surtout aussi photoréaliste dans un jeu vidéo. Les animations sont à l’avenant, crédibles jusqu’au clignement des yeux des personnages. Puisqu’il est difficile de jouer la carte de la surenchère, The Lost Legacy fait un pas de côté et nous plonge, au bout d’une heure et demi de jeu, dans un open world rappelant ceux de The Legend of Zelda : Breath of the Wild et de Horizon. Trois objectifs majeurs peuvent être remplis dans l’ordre que l’on souhaite, et la forêt indienne regorge de ruines et de vestiges en tous genres où dénicher divers trésors. L’exploration est facilitée par un 4×4 dont la conduite réagit de façon très réaliste aux différents terrains, des plans d’eau aux mares de boue en passant par les espaces rocheux. Visuellement sublime, le jeu bénéficie également d’une profondeur de champ inouïe (on vous conseille au passage de vous amuser avec l’excellent mode photo).
Narration maîtrisée

En règle générale, nous ne sommes pas de grands amateurs de cinématiques à rallonge, mais il faut avouer que celles d’Uncharted 4 sont si passionnantes qu’on se surprend à ne vouloir en rater aucune miette. On a vite l’impression de participer à un authentique film interactif, dont les séquences intermédiaires et les phases de jeu s’enchaînant sans coupure ni temps mort. Les personnages sont attachants, et les enjeux dramatiques intelligemment posés via une introduction en flashback situé 25, puis 15 ans dans le passé. Les relations entre Nathan Drake et son frère, sa femme ou son ami Sullivan sont suffisamment crédibles pour donner du poids aux séquences jouables, et la mise en scène est constamment inventive, spectaculaire et élégante. Le jeu des comédiens et la musique signée Henry Jackman (X-Men : Le Commencement) ne gâchent rien à l’affaire. Généreux, les auteurs s’efforcent de renouveler en permanence leur game design : sans même évoquer le mode multijoueurs, on ne cesse durant la campagne solo de découvrir de nouvelles options de jeu. On explore des fonds marins, on se bat à mains nues grâce à un système de combat très dynamique, on enchaîne les gunfights grisants (l’intelligence artificielle des adversaires est très convaincante), on résout des puzzles à la douzaine, on pilote divers véhicules, on joue les hommes araignées à l’aide d’un grappin fort pratique… Naughty Dog se permet même de cligner de l’œil à l’un de ses tout premiers jeux, Crash Bandicoot, lors d’une mise en abyme absolument passionnante…

Girl Power
Nathan Drake tirant sa révérence à la fin d’Uncharted 4, The Lost Legacy nous donne le contrôle de deux héroïnes, la pilleuse de tombes Chloé Frazer et la mercenaire Nadine Ross. L’ouverture in medias res ressemble à un prologue d’Indiana Jones, et la suite de l’aventure profite de variations rythmiques très maîtrisées. Plutôt que de plagier bêtement Lara Croft et Tomb Raider, The Lost Legacy soigne ses deux personnages principaux : Nadine et Chloé disposent d’un caractère bien trempé et de backstories qui se déroulent en filigrane d’une aventure particulièrement épique. Les échanges qui fusent en permanence entre les deux héroïnes sont impressionnants de justesse, et forcent l’empathie sans pour autant gommer leurs zones d’ombre. Les choix de character design vont également dans ce sens : les deux femmes ne sont pas des stéréotypes sexy comme on en voit tant dans le monde du jeu vidéo, mais s’appuient sur un physique logique, voire parfois des « défauts » qui les rendent d’autant plus authentiques (le nez de Chloé, les bras musculeux de Nadine). Résultat : on a envie de suivre ces femmes pour ce qu’elles sont et non se qu’elles affichent, et la relation qui se noue entre elles et le joueur est émotionnellement payante. Naughty Dog oblige, la mise en scène est d’une virtuosité absolue, et si l’on peut parfois avoir l’impression d’être embarqué sur des rails, et guidé d’une séquence d’action à l’autre selon la volonté des auteurs, le spectacle reste sidérant en termes de chorégraphie et de gestion de l’espace. L’équilibre entre les différents types de gameplay (cascades façon Indy, exploration vertigineuse, mano a mano, gunfights, conduite, etc.) est dosé avec soin, et des petites cinématiques ponctuent l’action sans que l’on parvienne à discerner immédiatement ce qui relève du script et ce qui relève du jeu libre.
En bref : certes, les remasters de ces deux grands blockbusters n’exploitent pas totalement les capacités de la PlayStation 5, mais il faut dire que les versions originales sur PS4 étaient déjà sidérantes de beauté. On appréciera quand même l’énorme gain de framerate (surtout en 1080p) et l’excellente utilisation du retour haptique de la Dual Sense. Sur le fond, pas grand chose à ajouter, si ce n’est qu’Uncharted 4 et The Lost Legacy comptent toujours parmi les jeux d’aventure / action les plus aboutis de l’histoire du genre…
Notre Verdict : 8/10
Crédits : Sony