Avec son formidable Streets of Rage 4, Dotemu a relancé la mode du beat’em up, genre qui s’était peu à peu évaporé à l’aube des années 2000. De nombreux challengers sont entrés dans l’arène, dont ce Final Vendetta très largement inspiré d’une série de jeux d’arcade signés Konami…
S’il n’entretient officiellement aucun lien avec Crimes Fighters et sa suite Vendetta, sortis en 1989 et 1991, Final Vendetta rappelle par bien des aspects ces deux titres qui ont connu un succès modeste en arcade mais n’ont malheureusement jamais eu droit à une adaptation sur supports de salon. Au-delà d’une ambiance urbaine (cf. le niveau du métro) par ailleurs largement exploitée par Technos et Capcom dans Double Dragon et Final Fight, on retrouve ici un style graphique étonnamment proche des deux Crime Fighters, que ce soit au niveau des trois héros jouables que des ennemis, une bande de voyous stéréotypés tout droit sortis d’une suite d’Un justicier dans la ville. La taille des sprites et le soin du détail apporté à l’animation évoquent toutefois les jeux Neo-Geo de la fin des nineties / début des années 2000, notamment Garou Mark of the Wolves et surtout Sengoku 3. La comparaison est renforcée par une palette de couleurs volontairement limitée (ce qui donne des dégradés d’un autre âge) et des effets de transparence artificiels, par exemple lorsque le sol d’un club est balayé par des faisceaux lumineux.
Ce n’est clairement pas par sa galerie de portraits que Final Vendetta se distinguera du tout venant du genre, ni par ses boss caricaturaux, parmi lesquels on trouve une armoire à glace balafrée, un colosse portant un masque à gaz, deux jumelles adeptes des arts martiaux et un gentleman se battant une main dans la poche à la manière de Ryuji Yamazaki dans Fatal Fury et The King of Fighters. Côté gameplay pur, les développeurs jouent également aux bons élèves et piochent des idées dans Golden Axe (on peut courir en appuyant deux fois dans la même direction), Final Fight (on peut donner deux coups sautés différents, selon la direction du pad), Knights of the Round (on peut bloquer les attaques adverses), Streets of Rage (il est possible de passer dans le dos de l’adversaire lors d’une prise au corps-à-corps en appuyant sur le bouton de saut), Streets of Rage 2 (la petite gâchette droite permet d’accéder à des coups spéciaux), Streets of Rage 3 / Final Fight 3 (une jauge d’attaque spéciale se remplit au fil des combats)… Si la palette de coups disponible est bien inférieure à celles de Punisher et Aliens Vs Predator de Capcom, elle reste largement satisfaisante dans le cadre d’un beat’em up old school.
Final Vendetta offre très exactement ce qu’il promet et rien d’autre : un brawler rectiligne avec un pixel art de qualité, une bande son rétro très orientée années 90, des adversaires patibulaires, trois héros aux personnalités distinctes… et c’est à peu près tout. Bouclé en trente minutes chrono, le jeu ne propose qu’une replay value limitée (on débloque des modes boss rush et survie après avoir fini l’aventure) et souffre d’une difficulté mal dosée (certains pièges sont aussi pervers que ceux du dernier niveau de Double Dragon) ainsi que d’un système de continus frustrants. A 25 euros sur Steam, le fan de beat’em up peut légitimement craquer, mais à 40 euros sur Switch, le rapport qualité / quantité / prix n’y est pas forcément…
En bref : un beat’em up à l’ancienne dont les très belles animations et les sprites gigantesques rappellent Sengoku 3 sur Neo-Geo. Piochant dans tous les classiques du genre, les développeurs de Bitmap Bureau soignent leur copie mais oublient de proposer la moindre idée originale. Les nostalgiques du genre pourront apprécier quelques parties, mais on aurait aimé un peu plus d’investissement dans le game design.
Notre Verdict : 6,5/10
Crédits : Numskull