Days Gone : notre test sur PS4

Après sept années de développement, Days Gone montre enfin le bout de son shotgun sur PlayStation 4. Décryptage d’un blockbuster à mi-chemin entre The Walking Dead, Far Cry 5 et Sons of Anarchy.

Fondé en 1993 sous le nom d’Eidetic, Bend Studio est intimement lié à l’histoire de la PlayStation, puisqu’il a signé des titres comme Bubsy 3D et Syphon Filter (PS One), mais aussi Resistance Retribution sur PSP et Uncharted : Golden Abyss sur PS Vita. Racheté il y a plusieurs années par Sony, Bend a pu rester dans ses locaux de l’Oregon pour développer Days Gone en totale indépendance sur une demi-douzaine d’années. Le résultat ne constitue certes pas l’expérience la plus révolutionnaire de la PlayStation 4, mais il ne fait aucun doute, manette en main, que l’ouvrage a été peaufiné par des vieux routards du jeu vidéo. Cette connaissance parfaite du médium est à la fois une qualité et un défaut : si la jouabilité se révèle très complète, chaque variation du game design s’inscrit dans un genre spécifique, déjà largement exploité au fil de la décennie écoulée. Days Gone ne convainc donc pas par son originalité : les phases en moto renvoient aux sensations de Motorstorm (oui, la nitro répond présente), l’exploration (loot à la clé) évoque Horizon : Zero Dawn, les séances de pistage suivent de près Red Dead Redemption 2, les gunfights oscillent selon les forces en présence entre Uncharted et Left 4 Dead (on a même droit à plusieurs classes d’infectés), les phases d’infiltration ou de cache-cache avec les zombies ont tiré des leçons de Metal Gear Solid, et les combats à mains nues diffèrent finalement assez peu d’Arkham Knight et Spider-Man (les destructions / interactions avec le décor en moins). On a même droit à la roue d’armes et d’items conventionnelle (agrémentée d’une seconde branche réservée au crafting), et à une gestion de son véhicule inspirée du Mad Max d’Avalanche Studios – jauge d’essence dynamique comprise.

Un bout d’apocalypse

Impossible donc de ne pas qualifier Days Gone de dérivatif : le jeu embrasse tous les codes et les clichés du genre « apocalypse zombie », et emprunte autant à The Walking Dead, Sons of Anarchy et Je suis une légende (la scène d’ouverture est directement tirée du film de Francis Lawrence avec Will Smith) qu’à La Route de Cormac McCarthy et au Fléau de Stephen King (la scène du tunnel dans la première mission apparaît à ce titre comme un aveu). Trop elliptique et porté par un héros relativement antipathique, le récit ne parvient hélas jamais à égaler l’émotion de ces œuvres cultes. La manière dont les auteurs décrivent ce monde aux allures de paradis perdu, théâtre des pires horreurs baignant dans une lumière souvent divine, garantit toutefois au joueur des tableaux paradoxaux et splendides, le poussant à l’exploration compulsive en dépit d’un danger omniprésent. Entre les récoltes de ressources incessantes, les missions principales et secondaires (avec notamment des primes à récolter en abattant certaines cibles) et les événements ponctuels et aléatoires (panne d’essence, guet-apens, tentative de vol de votre moto, apparition d’une horde de morts-vivants sur votre route, etc.), il est clairement difficile de s’ennuyer durant les trente à cinquante heures que dure Days Gone.

La Nature reprend ses droits

Techniquement, Days Gone a quelques solides arguments à faire valoir. Basé sur l’Unreal Engine 4 d’Epic, un moteur graphique rarement utilisé dans le cadre d’un Open World, le jeu propose déjà une représentation saisissante de la végétation, et accumule les terrains complexes et d’une crédibilité hallucinante. Des détritus, cailloux, flaques et autres couches de boue et de poussière donnent corps à ce monde post-apocalyptique, animé par une physique souvent impressionnante. Il faut voir le vent agiter les feuilles des arbres lors des tempêtes ou les particules de poussière se dissiper dans l’air lorsque le héros ouvre le capot d’une voiture abandonnée. Le production design est lui aussi d’une précision maniaque, chaque intérieur (garages, maisons, motels, camps de fortune, laboratoires, bureaux) racontant en filigrane l’histoire d’un monde appartenant au passé. Les modélisations des personnages, reapers ou infectés sont dignes de ce que l’on peut attendre d’un tel blockbuster, et le patch 1.04 qui accompagne le lancement du jeu corrige dans l’œuf les problèmes de framerate qui parasitaient les versions previews. Si elle est désormais stable, la cadence d’images reste modeste : 30 images par seconde en 1080p sur PS4 standard, et en 4K sur PS4 Pro. La console premium de Sony bénéficie au passage d’une amélioration très subtile des ombres et de la lumière, particulièrement visible dans les lieux à forte végétation. L’expérience de jeu reste très proche sur les deux formats, ce qui ne pénalisera pas une fois n’est pas coutume les possesseurs du modèle de base. Cerise sur le gâteau : le mode photo est sans doute le plus réussi que l’on ait pu voir, et bénéficie d’une simulation incroyablement réaliste des variations d’ouverture ou de focales. On pensait avoir atteint le sommet du genre avec celui d’Horizon : Zero Dawn, mais Bend vient de pousser le médium encore un peu plus loin.

En bref :
On aurait apprécié une conceptualisation plus originale, une narration plus ambitieuse et une émotion plus prégnante, mais Days Gone reste un Open World très immersif, bénéficiant d’un décor spectaculaire et d’un game design généreux.

Notre Verdict : 7,5/10

Crédits : Sony

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