Resident Evil Remake / Zero / 4 : Notre Test sur Switch

Après une première fournée assez convaincante avec le diptyque Revelations, Capcom continue de porter sa série culte Resident Evil sur Switch. Donnant enfin la possibilité aux fans de rejouer ces (més)aventures en mode nomade, ces adaptations manquent hélas de générosité au vu du prix affiché de trente euros l’unité.

Alors que les films sont très chiches à ce niveau, les jeux Resident Evil ont su plonger les joueurs dans un état de stress permanent. Pillant la formule créée par Frédéric Raynal dans Alone in the Dark, l’opus original jouait avec une maîtrise totale du hors-champ, l’avatar 3D du joueur évoluant dans des décors fixes aux angles baroques, dont le sens du hors-champ imprégnait chaque traversée de couloir d’un suspense suffocant. La rareté des munitions et des soins et la résistance frustrante des créatures éloignaient par ailleurs l’expérience de jeu d’une action standard, posant dans l’inconscient collectif les fondations du Survival Horror. La figure du zombie, alors en pleine désuétude (le dernier grand film dans le genre, Le Jour des Morts-Vivants de George A. Romero, est sorti douze ans plus tôt), doit accessoirement sa résurrection au chef-d’oeuvre de Capcom, le réalisateur de La Nuit des Morts-Vivants envisageant même un temps de l’adapter sur grand écran. Romero devra finalement se contenter d’une publicité pour le second opus de la série en 1998…

Si de nombreux fans préfèrent le second épisode en raison de son ambiance apocalyptique et de son point de vue dédoublé, Resident Evil reste 23 ans après sa sortie une œuvre d’une intelligence et d’une classe inouïes. On ne peut en dire autant, hélas, de Resident Evil Zero, jadis une exclusivité GameCube apparue dans l’écume du premier remake de l’original. Si le choix du décor est joliment ironique (l’intrigue se déroule dans un gigantesque train en mouvement alors que la mise en scène ressuscite les plans fixes de la première trilogie), le récit manque d’ampleur et le bestiaire d’imagination, en particulier après un sublime Code Veronica sorti deux ans plus tôt sur Dreamcast, premier pas de la série vers une refonte en vraie 3D du Game Design.

La Secte

S’il n’atteint pas le génie de Code Veronica, Resident Evil 4 de Shinji Mikami (réalisateur de l’original) est une autre date majeure dans l’histoire du Survival Horror. Situé dans une campagne espagnole peuplée de psychopathes issus d’une secte millénariste, le jeu plonge son public dans une atmosphère putride que n’aurait pas reniée Tobe « Massacre à la tronçonneuse » Hooper, rehaussée par des couleurs ternes et une bande son souvent déstabilisante. Les hordes d’ennemis qui fondent lentement sur le héros sont particulièrement inquiétantes, avec leurs haches et leurs fourches tout droit sorties du Frankenstein de James Whale. Des adversaires plus coriaces font régulièrement leur apparition, notamment des trolls et coureurs équipés de tronçonneuse qu’il faut abattre le plus vite possible sous peine de perdre la tête. Précisons si nécessaire que le système de sauvegarde, utilisant des machines à écrire réparties sporadiquement dans le décor, ne donne pas vraiment le droit à l’erreur…

Bilan technique

Techniquement, ces versions Switch ne rivalisent pas avec les derniers portages en date sur PC, Xbox One et PlayStation 4. Seul jeu en full 3D du lot, Resident Evil 4 n’atteint pas la résolution 1080p en mode docké, restant visiblement bloquée à du 900p afin de garantir un framerate constant à 60 images par seconde. La fluidité est donc exemplaire, mais l’aliasing se montre plus présent que sur les autres supports. Les textures n’ont pas été retravaillées non plus : conçues pour l’affichage en basse résolution de la Gamecube, celles-ci rappellent en permanence, tout comme la simplicité des modèles 3D, l’âge du titre. Resident Evil Remake et Resident Evil Zero s’en sortent ironiquement mieux, puisqu’ils bénéficient de décors fixes précalculés pouvant être affichés en pleine résolution sans exiger trop d’efforts au processeur graphique. Les jeux sont sur Switch identiques aux versions Xbox 360 et PlayStation 3 sorties au début des années 2010… au prix de vente près.

On regrettera toutefois que le contenu soit lui aussi intégralement similaire, voire légèrement en retrait du côté de Resident Evil 4 : alors que la version Wii du jeu proposait une option de Motion Gaming (option d’ailleurs présente sur Resident Evil Revelations !), impossible ici de brandir son Joy-Con tel un révolver et de dézinguer du redneck comme si on y était. On se retrouve donc coincé avec le Game Design de 2002 pensé pour l’étrange manette de la GameCube ; game design certes révolutionnaire à l’époque (il inspirera Gears of War et conduira à l’âge d’or des Third Person Shooters), mais dont les limitations se font aujourd’hui cruellement sentir (impossible de marcher et viser simultanément, impossible de se déplacer latéralement, etc.). Reste à espérer qu’une prochaine mise à jour corrige cet « oubli » ergonomique incompréhensible sur Switch, qui risque de faire grincer des dents…

En Bref : Deux légendes du Survival Horror et leur préquelle assez maladroite reviennent sur Switch sans aucun contenu supplémentaire. L’original et le quatrième opus sont toujours aussi exceptionnels, mais le prix de vente est au moins 30% trop cher.

Notre Verdict sur Switch

Resident Evil Remake : 7,5
Resident Evil Zero : 6,5
Resident Evil 4 : 7,5

Crédits : Capcom

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