Steam Deck : Notre Test

En juillet 2021, Valve a jeté un pavé dans la mare du gaming sur PC en annonçant le Steam Deck, une « console » portable mue par une version customisée de Linux et capable de lancer dans de bonnes conditions presque tous les jeux du catalogue Steam. Après une semaine de test intensif, nous sommes en mesure de partager notre premier avis sur le Deck.

Steam OS

Premier constat, l’OS proposé par Valve est un modèle de richesse et d’ergonomie. Directement inspiré de l’option Big Picture, il permet de naviguer facilement au sein de sa (large) bibliothèque, et fait notamment le tri entre les jeux installés et les jeux idéaux pour le Steam Deck. Car il est important de préciser que Proton, la version custom de Linux développée par Valve, n’est pas encore capable de lancer 100% des jeux Windows. Trois icônes apparaissent donc à côté de chaque titre : du vert pour « compatible », du jaune pour « jouable » (certaines options non disponibles ou certaines manipulations plus difficiles à réaliser sur Steam Deck) et du blanc pour « non supporté ». Ce dernier repère est au passage assez trompeur. Nous avons par exemple installé Max Payne 3, indiqué comme non compatible avec le Deck, et celui-ci tourne à merveille, affichant même du 60 images par seconde en économie d’énergie (entre 3 et 4 heures d’autonomie). Seule « problème » : il faut être connecté à Internet au lancement du jeu, Steam allant se connecter brièvement sur le launcher officiel de Rockstar Games. Les launchers, véritable plaie sur PC, alourdissent inévitablement la pipeline du Steam Deck. Les productions de Rockstar, Ubisoft et EA sont les principales concernées, mais dans la plupart des cas, cela ne fait que ralentir le premier lancement. Notons qu’il est possible de mettre en veille la machine durant une partie, et de la reprendre quelques heures plus tard sans le moindre problème. Ainsi, il est envisageable de lancer un GTA V ou un Star Wars Battlefront 2 avec une connexion Internet, d’éteindre la console, puis d’accéder au contenu hors-ligne pendant un déplacement.

Performances

Avec son architecture Zen 2 (comparable à ce qu’on trouve sur PS5 et Xbox Series), son processeur cadencé à 3,5 Ghz à pleine puissance et son gpu 8 UC RDNA 2 à 1,6 GHz, le Steam Deck est capable d’atteindre près de 2 teraflops, soit plus qu’une PlayStation 4. Les 16 Go de Ram intégrés bénéficient en outre de quatre canaux (5500 MT/s), ce qui facilite la circulation des informations entre tous les éléments de l’architecture. Ces chiffres deviennent très concrets quand on commence à tester les performances de la bête. Cyberpunk 2077, par exemple, affiche 30 images par seconde constantes lorsque l’on bride la machine à un TDP de 18 watts, équivalant à un peu plus de deux heures quinze d’autonomie. Car oui, l’interface développée par Valve permet de réguler à la volée la puissance du Deck, soit en limitant le framerate à 60, 30 voire 15 images secondes, soit en donnant des limites de puissance au processeur central. Le ventilateur s’adapte à chaque configuration, et reste assez discret jusqu’à 15 watts. Aux environs de 20 watts, le souffle commence à se faire entendre, et à 25 watts, il est conseillé de ne pas jouer à côté de son ou sa partenaire. Dans les faits, de nombreux jeux que nous avons testés (dont GTA V, Star Wars Squadrons, Left 4 Dead 2, Pinball FX 3, Pinball Arcade, Tekken 7, Soulcalibur 6, Ultimate Marvel Vs Capcom 3, King of Fighters XV, Doom Eternal, Horizon, L’Ombre de la Guerre, Quantum Break, Mad Max, Control et Star Wars La Saga Skywalker) ont affiché un framerate avoisinant les 60 fps constantes aux alentours des 10 à 15 watts, soit avec une durée de batterie d’au minimum trois heures. Les jeux 2D comme Streets of Rage 4, Windjammers 2, Astérix & Obélix Baffez-les tous !, KOF XIII, Crimzon Clover, Dodonpachi Resurrections ou Demon’s Tilt se sont quant à eux tous épanouis à 6 ou 7 watts, équivalant à une autonomie de 4 à 5 heures. Entre 20 et 25 watts, il est tout à fait possible de se lancer dans les parties d’une heure trente à deux heures de Guardians of the Galaxy, Elden Ring ou, comme évoqué plus haut, Cyberpunk 2077.

Ergonomie

Pour garantir des phases de jeu agréables, Valve a clairement poussé très loin sa réflexion quant au form-factor à adopter. Depuis la WiiU, les tablettes gaming se sont démocratisées, notamment sous l’impulsion de développeurs chinois indépendants. La Switch a fini par s’emparer du marché, laissant la Chine se reconvertir dans l’élaboration de micro-PC avec contrôleurs intégrés (cf. la GPD Win 3, la GPD Win Max, l’Aya Neo, etc.). Les limitations de ces consoles sous Windows sont souvent les mêmes : on peut déplorer en particulier leur tendance à chauffer jusque sous les doigts des utilisateurs, un poids excessif et mal équilibré, ainsi que la qualité très perfectibles de leurs boutons et sticks analogiques. Quant à l’écran, il est soit gigantesque (entre 8 et 8,5 pouces pour la GPD Win Max et le OneXPlayer), soit un peu trop étroit pour apprécier à leur juste valeur des jeux AAA (6 pouces pour le GPD Win 2, 5,5 pouces pour le GPD Win 3). Valve a trouvé l’équilibre parfait avec le Steam Deck, qui embarque un écran 7 pouces absolument idéal, certes non OLED mais bénéficiant d’un excellent traitement anti-reflet sur le modèle 512 Go. Les contrôleurs sont disposés en ligne à gauche et à droite de la dalle : un pad numérique et un stick analogique à gauche, un stick analogique et quatre boutons d’action à droite, et en-dessous de chaque série de composants un trackpad cliquable à retour haptique d’une précision indiscutable. Ajoutez à cela des moteurs de vibrations (assez faibles, mais qui ont le mérite d’exister), deux grandes gâchettes analogiques à retour de force, deux petites gâchettes très convaincantes et quatre boutons customisables à l’arrière de la machine… sans oublier les capacités gyroscopiques, l’écran tactile et le très bon clavier virtuel au touché quasi-mécanique. Bien sûr, l’OS permet de configurer chaque jeu selon l’envie du moment, mais aussi de télécharger des setups mis en ligne par la communauté. Ce qui ressort de cette première semaine de jeu est la qualité incroyable des sticks analogiques, presque dignes de ceux d’une manette Xbox One, et la perfection des gâchettes. Si le pad est de bonne qualité, il n’a hélas pas la précision de son homologue PS Vita. Dans un jeu de combat comme il faut bien ajuster son geste pour sauter vers l’arrière ou vers l’avant, alors que les pouvoirs spéciaux les plus complexes se réalisent très facilement. Un coup à prendre…

Premier bilan

Une machine comme le Steam Deck attire forcément, mais il est encore difficile de savoir si l’on s’en lassera rapidement. Ce qui ressort de ces premiers jours d’évaluation est déjà un confort largement supérieur à ce que proposent les autres micro-PC du marché. La largeur de l’appareil permet déjà un refroidissement très efficace, ce qui signifie que le joueur ne se brûlera jamais les doigts au contact de la coque. Le Steam Deck est aussi bien plus léger qu’il n’en a l’air, et favorise donc des sessions de jeu étendues, à plus forte raison grâce à la qualité des grips disposés de chaque côté de l’appareil. On le répète si besoin : l’écran est excellent et de taille idéale, l’OS en constante évolution est réellement intuitif, les options de personnalisation sont innombrables, l’autonomie est bonne et la plupart des jeux tournent à merveille. Précisons qu’un port jack 3.5 autorise l’utilisation d’un bon vieux casque (à noter que les enceintes intégrées sont impressionnantes), et qu’un port USB-C sert de point de recharge ou de sortie vidéo, et peut être utilisé pour connecter divers accessoires. Enfin, il est possible d’insérer une carte Micro SD et d’y installer des jeux exigeants sans que les temps de chargement ne soient trop lourdement impactés. Entre le SSD de 512 Go et notre carte de 1To, nous avons pu installer une cinquantaine de jeux, allant du shoot’em up old school au triple-A à 160 Go. Et il nous reste encore environ 50 Go…

En bref : Valve redistribue les cartes du jeu sur PC avec le Steam Deck, véritable joyau de technologie bénéficiant d’une architecture absolument exceptionnelle. Ce n’est certes pas pour tous les publics, puisque la version basique coûte un peu plus de 400 euros, et le modèle de luxe se rapproche des 700. Reste qu’à ce prix-là, il est impossible de trouver un PC gaming ne serait-ce qu’à moitié aussi ergonomique, complet et puissant…

Notre Verdict : 9/10

Crédits : Valve

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