Sept ans après le début de son développement, Black Mesa est enfin arrivé dans sa version 1.0 sur Steam. Entamé de façon totalement indépendante avant de recevoir l’appui financier de Valve, le titre permet de se replonger dans une des aventures les plus importantes de l’histoire du jeu vidéo… Et rien que pour cela, on excusera quelques imperfections qui auraient sans doute pu être facilement évitées.
Soyons clairs, Black Mesa reprend de façon presque intacte la structure narrative et les différentes péripéties de Half-Life. Si vous n’avez jamais joué au chef-d’œuvre de Valve, sachez qu’il a littéralement posé les bases du jeu d’action narratif moderne, grâce notamment à un effort constant sur le sentiment d’immersion (le HUD apparaît par exemple après que le héros eut enfilé sa combinaison), des personnages secondaires qui vivent leur vie ou s’adressent directement au joueur, ou des scripts dynamiques très bien gérés, aptes à dynamiser une mise en scène autrement plus ambitieuse que celles de Doom ou Quake. Call of Duty, Prey, Killzone, Metro et tant d’autres doivent tout ou presque à Half-Life, et Black Mesa permet aux profanes de revenir aux sources d’un genre a mûri de façon exponentielle pendant les deux décennies passées.
Toujours narré en quasi plan-séquence (si l’on excepte deux ellipses durant le troisième acte), Black Mesa propose de traverser de part en part l’enceinte d’un laboratoire secret qu’une faune venue d’une autre dimension a envahie suite à l’ouverture d’une fissure spatio-temporelle. Ouvertement inspiré de Brume de Stephen King (plus tard adapté au cinéma par Frank Darabont avec The Mist), le récit passe par diverses ambiances, du survival horror étouffant au combat à l’arme lourde, des marines étant bientôt envoyés pour nettoyer les lieux et réduire les témoins au silence. Posant une mythologie proche de X-Files (un homme en noir portant une mallette apparaît régulièrement derrière des vitres lointaines), Half-Life a l’intelligence de se renouveler régulièrement d’un point de vue visuel en dépit de son apparent huis-clos. Les péripéties du protagoniste, Gordon Freeman, le guident à l’extérieur du complexe, adossé à des falaises vertigineuses, et l’enverront finalement à l’autre bout de l’univers sur la planète Xen, lors d’un climax hautement psychotrope.
Si les modifications de Black Mesa sur le cœur du jeu restent anecdotiques, en dehors de modèles 3D, de textures et d’effets de lumière pensés pour la dernière version du moteur de Half-Life² (on citera tout de même un nouveau moteur physique venant pimenter les combats, quelques changements de scripts bienvenus lorsqu’on découvre de nouvelles armes, des voix réenregistrées et une bande originale flambant neuve), le chapitre de Xen a bénéficié d’un soin étonnant. Son game design mêle plus que jamais les codes du First Person Shooter à ceux du jeu de plates-formes, et cette dernière ligne droite se révèle être bien plus longue et épique qu’autrefois. Évidemment, si l’on se fie aux derniers blockbusters en date, difficile de tomber en admiration devant la réalisation graphique de Black Mesa, son moteur datant tout de même d’il y a seize ans. L’intelligence artificielle des adversaires accuse également son âge, et certaines idées de gameplay ou de level design ont été suffisamment pillées par d’autres titres célèbres pour avoir perdu leur fraîcheur. Half-Life n’offre pas moins une expérience jouissive et émotionnellement engageante, dont l’ambiance, la variété et la fluidité rythmique sont indémodables.
Notre Verdict : 7,5/10
Crédits : Valve, Crowbar